UNE QUESTION DE MOYENS
Ces prochaines semaines, le niveau de fréquentation des points de vente permettra notamment de juger de l’efficacité des mesures sanitaires mises en place. Ainsi, les consommateurs seront d’autant plus enclins à venir en magasin qu’ils auront été rassurés par les dispositions adoptées par les enseignes et leurs bailleurs. Les acteurs du commerce ne sont pas non plus égaux dans ce domaine, le déconfinement distinguant les enseignes et sites commerciaux offrant la protection la plus élémentaire (gel hydroalcoolique, régulation du nombre de clients, etc.) à ceux mettant en œuvre les dispositifs les plus sophistiqués.
Ces derniers requièrent des investissements d’autant plus lourds à supporter que les chiffres d’affaires se sont effondrés pour la majorité des commerçants. L’une des conséquences immédiates de la crise du Covid-19 sera donc de creuser l’écart entre les acteurs les plus affaiblis ou ne disposant pas d’une trésorerie suffisante, et ceux capables de mobiliser les moyens financiers et humains nécessaires pour se remettre rapidement en ordre de marche.
QUELLE PLACE POUR L’ACHAT PLAISIR ?
Le déconfinement des commerces pose d’autres questions essentielles relatives aux conditions de reprise de l’activité. Ainsi, la mise en place de mesures sanitaires contraignantes augmente nécessairement les irritants (files d’attente, port obligatoire du masque ou de gants, etc.).
Ceci dégrade l’expérience vécue par la clientèle, alors même que la fluidité de cette expérience et le plaisir ressenti par le consommateur font habituellement la force du commerce physique.
Le défi est particulièrement important pour les catégories de produits que le client a besoin de toucher et d’essayer, comme les vêtements ou les cosmétiques. Pour autant, faut-il penser que les consommateurs se détourneront des achats discrétionnaires pour ne continuer à privilégier que les produits essentiels ? Rien n’est moins sûr. Après de longues semaines de confinement et de vie sociale restreinte à la famille et aux « coronapéros », les craintes liées au virus et les irritants en magasin pourraient être compensés par l’envie de retrouver une vie aussi normale que possible.
N’oublions pas que restaurants, cafés, clubs de sport et lieux culturels restent fermés jusqu’à nouvel ordre, que les voyages restent très encadrés et que le shopping est donc, à ce jour, l’un des rares divertissements auquel peuvent s’adonner les Français.