Les différents formats commerciaux n’ont pas la même capacité de résistance face à l’épidémie de Covid-19.
Depuis le déconfinement ce sont sans doute les rues commerçantes des grandes villes qui ont le plus souffert. À Paris, le marché des commerces pâtit de nombreux « irritants » liés au respect des mesures de précaution sanitaire (accès par les transports en commun, etc.) et surtout de la chute de fréquentation de deux clientèles stratégiques : d’une part celle des touristes étrangers, notamment les plus dépensiers (Chinois, Américains, etc.), et d’autre part les employés de bureaux, dont un certain nombre sont encore en télétravail.
Alors que la fin de l’été approche, l’activité des commerces reste bien inférieure à la normale dans la capitale. Si les axes ciblant une clientèle locale et à fort pouvoir d’achat parviennent à tirer leur épingle du jeu (rue de Passy, etc.), il en va tout autrement des grandes artères de l’hypercentre parisien, bien plus dépendantes de la clientèle touristique.
Sur les axes les plus prestigieux, cette situation se traduit d’ores et déjà par une chute des ouvertures de boutiques de luxe, tendance qui devrait se prolonger tant que les flux de visiteurs non européens resteront à un niveau aussi faible.
Le nombre de nouvelles enseignes étrangères, dont la majorité ciblent en général les quartiers centraux de Paris pour leur première ouverture en France, est également orienté à la baisse.
Dans ce contexte, les enseignes font évidemment preuve d’une grande prudence, même si celles-ci étaient déjà très sélectives avant le déclenchement de la crise sanitaire, rationalisant, comme dans le secteur de la mode, leur réseau de boutiques au détriment des emplacements les moins rentables.
Cette tendance, qui se traduit par des fermetures et par une accélération des transferts, prend de l’ampleur, si bien qu’une hausse de la vacance est à prévoir sur certains grands axes de la capitale. Cette remontée de l’offre, le manque de visibilité et les difficultés économiques liées à l’épidémie de Covid-19 ont d’ores et déjà modifié les conditions de négociation, avec un recours plus important aux mesures d’accompagnement.
L’évolution des valeurs locatives est plus difficile à mesurer car nous manquons encore de références de transactions post-Covid. Cela dit, la crise mettra sans doute un terme à l’augmentation des valeurs locatives sur quelques axes prime, alors qu’une correction à la baisse est attendue sur les artères souffrant le plus de la baisse de fréquentation, de l’attentisme des enseignes et de la remontée de l’offre.
Pour autant, le marché n’est pas totalement bloqué. Ainsi, la volonté de s’implanter ou de se développer n’est pas systématiquement remise en cause, en particulier si l’horizon de la prise à bail est éloigné. Certaines activités restent par ailleurs dynamiques, comme les formats alimentaires de proximité, la restauration rapide, les loisirs ou tout ce qui a trait à la mobilité urbaine. C’est également le cas du secteur de la maison, comme illustré par l’annonce récente par IKEA de l’ouverture en 2021, au 144 rue de Rivoli, de son nouveau concept dédié à la décoration sur près de 3 000 m².